Sauver le Racou

Quelle solution pour le Racou ?

Dès 1996, l’A.S.R. avait contacté plusieurs sociétés de génie maritime ainsi que des experts indépendants pour tenter de trouver une solution à la fois peu pénalisante pour l’environnement et la moins coûteuse possible pour le contribuable. C’est ainsi qu’elle a étudié diverses possibilités :

  • Les rechargements en sable et les solutions douces « type ganivelles »
  • L’installation de géotubes
  • Le système « Écoplage »
  • Les atténuateurs de houle
  • L’enrochement de haut de plage
  • La réalisation d’épis perpendiculaires à la cote avec ou sans rechargement de sableLa réalisation d’une digue immergée (ou butée de pied) associée à un rechargement, solution retenue pour le Racou.

Jusqu’en 2006, l’ASR a participé à d’innombrables réunions avec la mairie, la DDE, les services de l’Etat, les sociétés d’aménagement et ses propres experts. En 2006, toute idée de protection du Racou est abandonnée par la mairie.

Au préalable, la prévention

Les écosystèmes dunaires sont très fragiles car ils sont situés dans les zones fortement fréquentées par les touristes au cours de l’été . Trop de travaux sans aucune justification sont réalisés sur la  plage du Racou pour préparer la saison touristique car ils modifient son profil naturel et détruisent le relief dunaire embryonnaire. Effectués depuis de nombreuses années, ils sont destinés à recréer une plage pour la saison estivale puis à tenter de reconstituer un bourrelet artificiel pour l’hiver. On assiste ainsi chaque année à des transferts de sable (bien insuffisants) du nord vers le sud, à un reprofilage pré-estival au bulldozer pour élargir la plage en repoussant le sable vers la mer, au passage bihebdomadaire d’une cribleuse l’été, à une création d’un bourrelet artificiel pour l’hiver, à des travaux divers pour nettoyer la plage, etc…, travaux  qui contribuent à déstabiliser profondément la plage.

Selon la « Mission littoral » du L.R. 2002 : « Le re-profilage annuel des plages au bulldozer destiné à élargir artificiellement pour la saison estivale participe à l’érosion. Le traitement de ces plages l’été entraîne la destruction de la végétation fixatrice du sable » …. « Sans les débris naturels, le trait de côte est plus fragile. La laisse de mer en servant d’engrais aux plantes pionnières des dunes contribue à stabiliser les plages. »

Le nettoyage mécanique des plages a un impact négatif sur la biologie et la morphologie de l’écosystème sableux littoral. Il favorise la déstabilisation des plages et de la perte de végétation associée, avec un coût non négligeable. La perte de la laisse de mer et de la couverture végétale fixatrice et de ses racines retenant le sable en cas de vents forts ou de coups de mer et la dégradation du relief dunaire embryonnaire aggravent les phénomènes d’érosion.

Par ailleurs, Il faut rappeler que la pollution portuaire a détruit l’herbier de posidonies cartographié dans la baie du Racou dans les années 80 . Il jouait le rôle d’un amortisseur naturel de la houle et contribuait au développement de racines végétales fixatrices sur le haut de plage grâce aux dépôts de matières organiques  dû à la décomposition de laisses de mer.

L’abstention

C’est ce que l’administration dénomme « recul stratégique » ou « laisser faire ».

On laisse agir l’érosion  jusqu’à son point d’équilibre  selon les schémas de la société Sogreah ou le Contrat Plan Etat Région du L.R.. Cette « solution » est privilégiée depuis 1988 par l’Etat et la commune. Le « laisser-faire » signifie la destruction du vieux village non par une procédure d’expropriation mais par la mer avec des risques majeurs pour les habitants (cf. affaire de la Faute sur Mer).

Cette décision débouche sur l’expropriation et la disparition de l’ensemble du vieux village jusqu’à la route principale. Elle est intervenue en 2014 pour l’immeuble « Le Signal » ( 75 appartements) situé à Soulac-sur-mer sur l’Atlantique.  

 

Toutes les communes du littoral catalan sont préoccupées par les conséquences d’un recul du trait de côte pour leur village, excepté Argelès alors que le Racou est classé parmi les sites « remarquables » et « emblématiques ». Saint Cyprien a déjà protégé, il y a plusieurs années, la plage au nord du port ; La communauté urbaine Perpignan Méditerranée Métropole a lancé depuis quatre ans un programme d’action afin de préserver les plages de Canet au Barcarès. Sur dix ans, un investissement de 30 M€ y est consacré avec un même objectif : empêcher le sable d’être emporté au large pour préserver un patrimoine essentiel. Le C2D (Conseil de développement durable de la communauté d’agglomération Perpignan Méditerranée Métropole) a été mis en place et un Observatoire de la côte sableuse Catalane (l’ObsCat) a été créé en 2013 pour satisfaire ce besoin.

La construction d’une digue immergée d’environ 200 m suivi d’un rechargement en sable.

S’ils se justifient dans un but conservatoire et en cas d’urgence, les rechargements en sable isolés ont été déconseillés sur le site du Racou  par les professeurs R. Bonnefille et JP. Barusseau dès 1996. La pente d’estran élevée, les départs vers le large, ainsi que la nécessité d’apports d’entretien annuels rendent cette solution coûteuse si elle n’est pas complétée par une barrière pour les retenir. Sur les conseils de SOGREAH, environ 70 000 m3 de sable (46000 m3 en 2000)  ont été apportés au Racou en quarante ans (entre 1977 et 2017) sans résultat probant.

 

Sur les conseils des Professeurs R. Bonnefille et Jl. Barusseau, deux des meilleurs experts mondiaux, la solution que nous avions retenue dès 1996, et qui avait été reprise  dans les rapports SOGREAH 1998 et 2003, était la construction d’une digue immergée (ou butée de pied) d’environ 200 m de long, parallèle à la plage et associée à un rechargement en sable destiné à récupérer le profil de plage d’origine, créant ainsi une « plage suspendue » ancrée à l’extrémité Sud au niveau des rochers du Racou. Elle reste toujours d’actualité en 2018.

Cette butée de pied pourrait être construite en rochers ou en tétrapodes (matériaux utilisés pour la digue du port). Par contre, l’utilisation de géotubes  serait risquée car le sol schisteux pourrait déchirer le géotextile d’emballage.

Cette structure immergée constituerait  une barrière  qui atténuerait l’effet de houle en limitant la hauteur des vagues qui atteindraient la plage et empêcherait que les courants dits « de retour » emportent le sable au large. Bien évidemment, son positionnement en mer et sa hauteur (environ – 4m) restent encore à préciser étant donné les désaccords sur ce sujet entre nos experts et la société Sogreah. Enfin, étant donné la localisation du Racou, entre un port et une côte rocheuse, cet ouvrage n’aurait aucun impact négatif sur le littoral avoisinant.

 

La situation particulière du site, la pente d’estran élevée et l’absence totale de transit littoral venant du nord

ne permettent malheureusement pas de solution plus douce pour limiter l’érosion. Comme nous l’avons évoqué, en dehors d’une situation d’urgence, tout apport de sable isolé, sans ouvrage immergé pour le retenir, repartirait aussitôt au large et serait donc inefficace et couteux. La plupart des annonces de la mairie concernant un rechargement de sable au Racou correspond en réalité à un simple  transfert de sable entre le Nord et le Sud du Racou et non à un réel apport de sable provenant de l’extérieur.

 

Dans le passé, trois anciennes propositions de la société Sogreah ont été refusées par  l’ASR : d’une part, un enrochement de haut de plage pour protéger les maisons, ce qui aurait accéléré l’érosion et donc la disparition de la plage par réflexion de la houle sur l’ouvrage, d’autre part, un brise-lame émergé dans la baie du Racou et un épi au niveau des rochers du Racou, catastrophiques sur un plan environnemental, pour un site classé.

A quel coût ?

Le coût de la protection de la plage est élevé : 2 à 3 M € environ en enrochement . En 2004, l’estimation de la société SOGREAH était de l’ordre de 1,5 M€  HT (environ 1 M€ pour la butée de pied et 500.000 € pour l’apport de sable).

Cependant, en terme de comparaison, les réparations en 1994 (digue sud) et 1998 (digue nord) des digues portuaires déficientes ont coûté plus de 3,5 M € auquel il faut ajouter une nouvelle réparation prévue pour 2018-2019 de 6 M€, soit un coût total de près de 10 M€, somme qui s’ajoute au coût originel de leur construction en 1974-1976. De même la rénovation du vieux village d’Argeles coutera 6 M€ et celle de la plage a déjà couté 3M€.

Ne peut-on pas, dès lors, envisager un financement pour protéger le site du Racou ?

 

Coût de la protection du Racou par rapport au budget global du port

 cout - Quelle solution pour le Racou ?

Estimation du coût

des digues de Port-Argelès

Investissements récents ou à venir

de la Commune D’Argelès sur Mer

Construction de l’épi expérimental 1964

?

Protection plage entre émissaire et digue nord

?

Construction des digues

1974-1976

?

Rénovation plage                        Rond-point d’arrivée

5 M€

Réparation de la digue Sud

(1994)

0,9 M€

Rénovation village 2018

6 M€

Réparation de la digue Nord

(1998)

3 M€

Réparation digues 2018-19

5 à 6 M€

Réparation de la digue Nord (2018 ? 2019 ?)

5 à 6 M€

  

Coût total

de réparation des digues

9 à 10 M€

Protection du Racou ???

2 à 3 M€

Il est regrettable que, dans le passé, la commune n’ait pas su profiter des fonds européens à travers le FEDER pour sauvegarder un tel capital touristique et environnemental. Ajoutés aux autres financements promis à cette époque (conseil général, conseil régional, Pays Pyrénées- Méditerranée) que la commune dédaigna, la sauvegarde du site aurait pu être assurée sans trop toucher aux finances locales. Les sources de financement pour protéger le Racou existent toujours ; encore faut-il les rechercher.