Sauver le Racou

Les différentes solutions techniques contre l’érosion des plages

La diversité des phénomènes à l’origine de l’érosion du littoral conduit à une diversité de moyens de protection qui ne s’opposent pas forcément les uns aux autres, mais sont souvent complémentaires. Chacune de ces solutions exige des conditions particulières pour être efficace et présente des avantages et des inconvénients.

On distingue ainsi les réponses techniques basées sur :

  • Les méthodes « douces » ou  « actives » (aménagements dynamiques) utilisant et agissant sur les matériaux naturels. Ces techniques sont souvent utilisés de préférence à des ouvrages massifs, car d’une part leur impacts sur l’environnement sont sans comparaison avec ceux-ci et, d’autre part, ils sont moins onéreux à l’investissement, mais coûtent plus chers à l’entretien.
  • Les méthodes « dures » ou « passives » (aménagements statiques) basées sur la construction d’ouvrages lourds en mer ou sur le rivage. Ces ouvrages demandent un investissement plus élevé que les solutions qui composent avec le milieu, mais leur coût d’entretien est plus faible.
  • Les procédés nouveaux

Des techniques « douces » ou « actives » :

La plage, absorbant graduellement l’énergie de la houle constitue le meilleur ouvrage de défense contre l’érosion. C’est en effet la dynamique naturelle des plages qui est fondamentale pour la survie physique de la plage et pour la diversité de ses habitats biologiques. Les solutions pour conserver la plage sont multiples :

  • Le rechargement ou l’engraissement artificiel des plages par apports de sable d’origine marine ou terrestre reste la solution la plus respectueuse de la dynamique du littoral mais nécessite des apports répétés de granulométrie correcte et d’un gisement  de sable. Ces rechargements sont réalisés au niveau du haut de plage et/ou dans les petits fonds. Le but est de reconstituer une plage en régression ou même de créer une nouvelle plage.
  • Le déversement de matériaux par petits fonds : Il s’agit d’une variante de la solution précédente ; Elle est basée sur la réutilisation des produits disponibles pour alimenter une plage en les déposant dans la zone des petits fonds.
  • La réhabilitation, la stabilisation, voire la création d’un cordon dunaire en haut de plage. Les dunes forment une bonne protection naturelle par le barrage qu’elles opposent aux houles et tempêtes et par la réserve de sable qu’elles constituent. Le remodelage ou le reprofilage mécanique du haut de plage, à l’aide de bulldozers par exemple, sans redescendre le sable pour la saison estivale est une bonne solution.
  • La mise en place un maillage de lignes de ganivelles (petites haies de piquets en bois) qui stabilisent la réserve de sable et favorise l’accumulation sableuse d’origine éolienne, avec plantation d’oyats ou autres plantes fixatrices : panicaut, bugrane. La dune se fixe et s’étend ; la végétation peut se développer.
  • Le by-passing : cette méthode est peu utilisée en France. Elle consiste à rétablir un transit littoral interrompu, partiellement ou totalement, par un obstacle.

Des techniques « dures » ou "passives"

Les ouvrages artificiels doivent être limités aux cas de figure où les méthodes douces sont insuffisantes et ou il convient de protéger des zones à enjeux où la valeur économique des biens est supérieure à celle des ouvrages nécessaires à leur protection. Il faut identifier  également les impacts environnementaux directs ou indirects de ces ouvrages. Ces ouvrages sont orientés parallèlement  ou perpendiculairement à la plage. On peut distinguer :

  • Les ouvrages transversaux ou épis perpendiculaires à la plage.  Très répandus, ils retiennent une partie des sédiments transportés par les courants côtiers naturels. La plage ainsi formée est caractérisée par sa forme en dents de scie, due à l’accumulation de sable en amont des épis et au déficit correspondant en aval des épis dans le sens prédominant du transit littoral où les quantités de sables sont moins importantes.
  • Les ouvrage longitudinaux, parallèles à la plage :
  • Les ouvrages longitudinaux de haut plage (digues, murs) sont construits entre la plage et les aménagements situés  en arrière (maisons, promenade de front de mer, routes littorales). Ils assurent une protection immédiate mais favorisent une érosion accrue de la plage à leur pied par augmentation de la réflexion de la houle sur l’ouvrage. Des mesures de rechargement doivent être prises pour diminuer ces effets.
    • Les ouvrages longitudinaux de bas de plage et de petits fonds: Brise-lames, digues ou butées de pied, émergés ou immergés . Ces barrières émergées et immergées sont orientées soit parallèlement, soit légèrement en biais, par rapport à la côte. Ils ont pour but de provoquer une dissipation de l’énergie de la houle avant son déferlement sur la plage et de s’opposer à l’entraînement des matériaux vers le large. Les barrières émergées offrent une plus grande protection de la plage, en créant des zones d’eau relativement calmes facilitant l’engraissement du trait de côte avec formation d’un tombolo (flèche de sable reliant la barrière brise-lames à la côte).Par contre, le renouvellement des eaux n’étant pas favorisé cela peut impliquer des répercussions négatives du point de vue sanitaire.
    • Les barrières immergées, en revanche, favorisent un meilleur renouvellement de l’eau, mais leur efficacité dépend de leur profondeur par rapport au niveau de la mer, de la pente de la plage, des marées, des intempéries et de la granulométrie des sédiments. Il s’agit de créer, au large de la plage, une barrière qui va provoquer le déferlement des vagues et ainsi dissiper leur énergie. Cette barrière peut être réalisée en rochers, en tétrapodes (comme pour les digues portuaires) ou en geotubes . Ce dernier procédé est constitué de sacs en géotextile remplis de sable et disposés sur le fond de manière à créer un obstacle à la propagation de la vague ;  Les sacs font 200 à 300 tonnes  avec une longueur de 20 m et un diamètre de 5 m. Toutefois, dans les deux cas, (barrières émergées ou immergées), des phénomènes importants de réflexion sont constatés sur la base extérieure de l’ouvrage, ce qui peut provoquer son affouillement, voire son écroulement.

Les autres procédés

Parmi de nombreux procédés existants ou en phase d’expérimentation, on peut citer les algues artificielles, les murs d’eau oscillants, les récifs artificiels et les systèmes Écoplage et Stabiplage.
Le procédé Écoplage est basé sur un principe physique qui gouverne l’équilibre des littoraux sableux : si l’eau apportée par le déferlement des vagues peut pénétrer très rapidement dans le sable de la plage, elle abandonnera plus aisément les sables qu’elle transporte et ces sables contribueront à l’engraissement de la plage.. Ceci est assuré par un drain, enterré dans le sable parallèlement au trait de côte. Une pompe située en haut de plage assure l’écoulement de l’eau du drain. Ces procédés, déjà appliqué dans certains sites, ne peuvent malheureusement pas être mis en application au Racou étant donné les conditions locales.