Sauver le Racou

Faut-il ou non protéger le Racou ? Peut-on agir contre l’érosion ?

Deux questions se posent :

  • Faut-il, en ces temps de crise économique et de disette sédimentaire,  protéger le Racou ? La valeur patrimoniale et environnementale du site ainsi que les enjeux sociaux-économiques répondent à cette question.
  • Existe-t-il une solution réaliste et douce, ni trop couteuse, ni trop pénalisante pour l’environnement ? C’est ce nous développerons en abordant le coût financier.

Le maintien du trait de côte est essentiel pour les communes concernées à proximité des zones d’habitations, des plages touristiques ou de milieux naturels de grand intérêt. Au Racou, la protection des habitations riveraines n’est pas la seule justification. En effet, il s’agit d’un site dit « remarquable » possédant une identité particulière de par son originalité et la valeur affective que lui portent, non seulement les catalans, mais aussi beaucoup de français et de touristes étrangers

Le Maire d’Argelès, Antoine Parra, bien que peu enclin comme ses prédécesseurs à protéger le site, en loue, lui aussi, le caractère exceptionnel : à la question d’un journaliste de  « L’Indépendant » du 7 mars 2016 :

« Quels sont pour vous les lieux emblématiques d’Argelès sur Mer », le maire répond : « Incontestablement le Racou, qui fait la popularité de la commune. Puis le port, puis les deux réserves naturelles nationales du Mas Larrieu et de la Massane……. ».

Pourquoi, dès lors, la Mairie ne s’associe-t-elle pas à la sauvegarde de ce lieu qu’elle juge « emblématique » pour sa commune ?

En France, jusqu’à ces dernières années, la lutte contre l’érosion marine était quasi-systématique,  comme en témoignent les nombreux ouvrages « lourds » construits le long de nos côtes : 1300 ouvrages transversaux de type épis et 800 ouvrages longitudinaux.

Par contre, les naturalistes proposent de s’adapter à la disparition des plages. Ils pensent qu’une nouvelle approche du problème s’impose, car de toute façon le recul du trait de côte est inéluctable étant donné qu’il y a pénurie de sédiments sur les côtes. Ils considèrent donc que la régression actuelle des littoraux est un phénomène naturel et qu’il est préférable de s’adapter à cette évolution plutôt que de s’efforcer à la contrarier.

Cette proposition est difficilement applicable ; D’une part, les Français ne sont pas prêts à accepter un droit de propriété qui serait limité dans le temps et d’autre part cette proposition n’est applicable que dans des zones où aucune construction n’existe. De plus, on voit que cette proposition de « laisser libre cours à la nature » peut avoir des conséquences graves sur l’économie des communes littorales locales voire régionales.

Ainsi, faut-il trouver un compromis entre « lutter systématiquement contre l’érosion » en stabilisant le trait de côte  et « laisser libre cours à la nature  » en déplaçant ou abandonnant certains enjeux.           

Avant de décider de protéger ou de ne pas protéger la côte, il faut donc faire un diagnostic détaillé comprenant :

  • une estimation du risque naturel que représente l’érosion afin de dégager les enjeux et les priorités d’intervention, et donc de faciliter les choix techniques
  • une comparaison des coûts induits par l’érosion et les coûts des moyens de prévention ou de protection envisagés
  • un rapprochement des avantages attendus de la lutte contre l’érosion et des impacts créés sur l’environnement par les solutions techniques elles-mêmes