Le Racou menacé

L’érosion du littoral en France : Le sable est un défi majeur du XXIème siècle

Cf. Observatoire National de la Mer et du Littoral : http://www.onml.fr/onml_f/fiche_aretenir.php?id_fiche=48&auth=NOK

Un quart du littoral français(1720 km) recule alors que un dixième gagne des terres sur la mer.

Les côtes sableuses reculent, les littoraux rocheux sont globalement stables (sauf les falaises calcaires), les côtes vaseuses (estuaires, marais, vasières) s’engraissent.

Carte de France

En rouge, les zones d’érosion

Les causes sont naturelles ou humaines :

  • Les facteurs naturels :
    • Changements climatiques avec l’augmentation du niveau marin (1 à 2 mm/an) : négligeable jusqu’ici
    • Augmentation de la fréquence des tempêtes :  facteur aléatoire
  • Les facteurs humains :
    • Impact des ouvrages en mer (ouvrages portuaires, digues, épis, etc..) arrêtant le transit littoral sédimentaire (déplacement du sable le long de la plage sous l’action de la houle) ou le déviant vers les grands fonds
    • Pénurie sédimentaire due à la réduction des apports d’alluvions par les rivières (barrages, extraction pour le bâtiment)
    • Urbanisation, aménagement de front de mer et interventions humaines contribuant à la fragilisation des plages et des dunes bordières qui participent activement à l’équilibre des plages parce qu’elles constituent une réserve de sable et ont un rôle protecteur lorsque déferlent les vagues de tempête.
    • Régression des herbiers de posidonies sous l’action de la pollution entraînant des déséquilibres sédimentaires.

La mobilité des côtes est un phénomène naturel (houle, courants, vagues, marée, vent, érosion des sols, augmentation du niveau marin) mais, de nos jours, elle est fortement modifiée par les activités humaines.

L’intervention de l’homme est venu contrarier l’équilibre naturel entre érosion, engraissement et stabilité des côtes : Les ouvrages portuaires, les digues et les ouvrages de protection, les barrages sur les rivières et les extractions de sable pour le bâtiment, bouleversent les courants marins et les transports de sédiments le long des côtes entraînant ainsi une érosion du littoral.

Un rapport de la Commission Nationale du Littoral affirmait en novembre 2004 que

« La 1ère  cause de l’avancée de la mer n’est pas, jusqu’à présent, la hausse de son niveau due à une évolution climatique …  Cette avancée est la conséquence des modifications des courants côtiers dues aux travaux de l’homme en mer (digues, jetées, ports de commerce ou de plaisance) …. Construire une digue perpendiculaire au rivage conduit à détourner le courant côtier longitudinal porteur de sédiments »

Ainsi, toute plage située à proximité d’un port, dans le sens des courants littoraux, perd son sable et met en danger les constructions en arrière. La surfréquentation touristiques et les travaux sur les plages détériorent également les massifs dunaires.

En Languedoc-Roussillon

Le littoral, long de 220 km, a essentiellement été aménagé dans les années 50 à 80 avec une multiplication des ports et des stations balnéaire. Son artificialisation, plus que le changement climatique ou d’autres facteurs, est la cause principale de la régression des plages. Aujourd’hui, les phénomènes d’érosion participent activement à l’augmentation du risque de submersion marine.

Depuis l’époque romaine, le rivage avançait, les plages s’élargissaient, les lagunes et les graus se comblaient. A partir des années 60, le littoral du Languedoc-Roussillon subit un recul de son trait de côte : 260 hectares ont été perdus sur la mer . Les plages reculent : -80 m à Saint Cyprien, -60 m au Racou, à Sainte-Marie, au Barcarès, à Leucate…

On insiste sur l’augmentation encore minime du niveau marin (1,5 à 2 mm/an le siècle dernier) ou sur la pénurie de sable pour ne pas avoir à accuser directement le bétonnage de la côte et la multiplication des ouvrages en mer, en particulier des ports artificiels : Plus de 300 en Languedoc-Roussillon. C’est la « segmentation » du littoral par les digues portuaires et les ouvrages en mer qui perturbent les transits sédimentaires le long de nos côtes rectilignes, bloquent le sable et l’envoie définitivement vers les grands fonds, provoquant ainsi le recul des plages. Toute plage située à côté d’un port, dans le sens des courants littoraux, perd  ainsi son sable  et met en danger les constructions en arrière.   Les exemples sont nombreux : Port-Leucate, Port-Barcarès, Canet, Port-Saint-Cyprien, Port-Argelés….et plus au Nord : Vias, l’Espiguette, etc…